Breeders' Cup Classic : Forever Young met le Japon sur le toit du monde

02/11/2025 - Actualités
Fruit d’une stratégie patiemment construite, la réussite du Japon dans les grandes courses mondiales témoigne d’un modèle unique. Forever Young, lauréat face aux américains de la Breeders’ Cup Classic en est aujourd’hui le plus éclatant ambassadeur. Par Baptiste Bourgeais.

 Forever Young est parvenu a battre les américains sur leurs terres


Portée par une santé financière exceptionnelle, l’industrie des courses japonaises ne cesse, depuis plusieurs décennies, de grimper dans la hiérarchie mondiale. Sous l’impulsion, notamment, de la famille Yoshida, le pays du Soleil-Levant importe la crème de la crème des pedigrees européens et américains. Il est donc logique que cette stratégie porte ses fruits sur la scène internationale. Si, à l’exception du Prix de l’Arc de Triomphe, les Nippons sont capables de briller dans n’importe quel temps fort sur les gazons européens, ils se montrent également redoutables sur le dirt.
 
Si le circuit local y est certes moins développé et prestigieux que son équivalent sur le gazon, force est de constater que, de par les achats de juments et d’étalons venus des États-Unis, l’élite japonaise n’a rien à envier aux Américains. Symbole de cette grande ambition japonaise à l’international, l’entraîneur Yoshito Yahagi avait déjà marqué l’histoire en 2021 lorsqu’il avait vu sa protégée Marche Lorraine remporter la Breeders’ Cup Distaff face aux meilleures juments américaines. Il voulait aller encore plus loin, en visant le graal des graals du dirt : le Kentucky Derby.
 
 
Marche Lorraine en 2021, déjà sur le dirt de Del Mar
 
 
Il a, pour cela, trouvé le candidat parfait. Issu du croisement entre l’étalon japonais Real Steel et une jument américaine gagnante de Gr. 2 sur le dirt, Forever Young s’impose rapidement comme le prospect le plus excitant du pays. Après un hiver réussi au Moyen-Orient, où le poulain remporte avec autorité le Saudi Derby et l’UAE Derby, il se présente au départ du Kentucky Derby. À l’issue d’une lutte titanesque avec Mystik Dan et Sierra Leone, Forever Young n’est pas dans le bon balancier et passe à un cheveu de la gloire. En fin de saison, il se classe de nouveau troisième dans la Breeders’ Cup Classic.
 
La saison 2025 démarre de la meilleure des manières pour Forever Young, qui parvient à faire tomber le crack hongkongais Romantic Warrior dans la Saudi Cup. Après une troisième place dans la Dubaï World Cup, le champion part en vacances. Objectif : être au top pour la Breeders’ Cup. Encore plus relevée que l’édition 2024, la Classic avait réuni un lot d’une qualité rare. Les trois premiers de l’an passé — Sierra Leone, Fierceness et Forever Young — se retrouvaient pour un match retour. Malheureusement pour le sport, le meilleur trois ans de la saison, Sovereignty, fiévreux ces derniers jours, fut contraint de déclarer forfait.
 
 
Forever Young n'a pas cédé face à Sierra Leone
 
 
Malgré la présence d’un lièvre engagé par Coolmore pour dicter l’allure, le tempo n’a pas été aussi élevé qu’à l’accoutumée. Bien placé à son extérieur, Forever Young était en contrôle. Bien qu’attaqué par le redoutable finisseur Sierra Leone, le quatre ans nippon ralliait le poteau en vainqueur. Dans les tribunes, son entraîneur Yoshito Yahagi, son propriétaire Susumu Fujita et leur entourage, pourtant d’un naturel flegmatique et mesuré, exultaient.
 
Après ce succès, Yahagi a déclaré que ce sacre était comparable à une victoire du Japon à la Coupe du monde — ou peut-être à un triomphe des Los Angeles Dodgers aux World Series. Pour l’anecdote, après les courses, tout le clan japonais s’est réuni dans un restaurant de Del Mar pour suivre le match 7 de la finale du championnat de baseball américain. Paré du maillot du joueur japonais des Dodgers, Shoshei Ohtani, Yoshito Yahagi a vécu les mêmes émotions que lors de sa victoire de l’après-midi, lorsque son équipe a soulevé le trophée.
 
 

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