Disparition de Pierre Coveliers : l'hommage personnel d'Emmanuel Clayeux

02/11/2025 - Grand Destin
Disparu dernièrement à l'âge de 83 ans, Pierre Coveliers était un personnage extraordinaire au sens littéral du terme. Cet homme d'entreprise, patron historique de la discothèque le "Crazy Apple's", a porté sa casaque jaune et verte au plus niveau d'Auteuil avec son effectif confié à Emmanuel Clayeux, qu'il a lui-même lancé en tant qu'entraineur public. Le professionnel de l'Allier, sort de son silence pour cette occasion aussi triste qu'exceptionnelle, et livre ci-dessus un vibrant hommage personnel.


Pierre Coveliers, facétieux après le succès de son crack Rhialco dans le Prix Léon-Olry-Roederer (Gr.2). Photo APRH.

 

LETTRE D'EMMANUEL CLAYEUX  :

" Pierrot ? Un homme haut en couleurs ! Un charisme naturel, ses grandes paluches, sa grosse voix singulière, et la plupart du temps son béret vissé sur le tête, faisait de Pierrot un être qui ne pouvait laisser indifférent les gens qui le croisaient.

Essayer de synthétiser 20 ans de collaboration, d'amitié et de moments de partages pour lui rendre hommage n'est pas une tâche facile tellement de souvenirs me reviennent à l'esprit.

Pierrot, un booster de carrière. Il transmettait son goût d'entreprendre. Après avoir consacré les premières années de notre collaboration à lui faire son pré-entrainement, je l'entends encore me dire courant 2007 : " Bon Clayeux maintenant tu vas arrêter de faire le boulot pour les autres et tu vas passer ta licence d'entraineur.'

Ainsi il m'a lancé. J'ai fait mon premier gagnant public pour sa casaque, puis mon premier gagnant à Auteuil, ainsi que mon premier groupe, toujours pour Pierrot.

Un homme complet. Pierrot a été tour à tour propriétaire puis éleveur propriétaire. Rhialco, Saddler Maker et Apple's Jade en sont les exemples.

Une passion et un respect du cheval comme il n'en existe plus. Son mot d'ordre était "prends son temps et fais durer." A tel point qu'il nous arrivait même parfois d'être en désaccord lorsqu'il insistait sur des chevaux qui n'avaient malheureusement pas de qualité.

Un homme fidèle et positif. Il était fidèle à ses entraineurs tout comme à ses jockeys, qu'il choyait comme ses enfants. Il ressortait toujours le meilleur des gens avec qui il travaillait.

Il est parti avec son rêve. Qu'est-ce que j'aurais aimé lui offrir un Grand Steeple-Chase de Paris à Pierrot tant il a consacré d'énergie à tenter d'y parvenir !

Un membre à part entière de la famille. Mon cher Pierrot. J'espère que tu ne m'en voudras pas trop de ne pas t'avoir rendu visite ces derniers temps, mais chacun des phobies et ses faiblesses. Pour moi, affronter un homme que j'avais connu si fort, affaibli par la maladie était une épreuve que je repoussais sans cesse.

France et mes 3 filles t'avaient aimé comme un membre de la famille à part entière, et te souhaitent enfin de reposer en paix.

Et qui sait, nous n'avons peut-être pas dit notre dernier mot pour le Grand Steeple-Chase !

Bises

Emmanuel

 


Emmannuel Clayeux entre Pierre Coveliers et son fils Damien, lui aussi décédé.

 

Sous la plume de Samuel Marchesseau, Paris-Turf a publié un remarquable portrait résumé de Pierre Coveliers.
PARIS TURF : " Féru de sport et de courses, homme d'affaires avisé, Pierre Coveliers s'est éteint dans le Val-d'Oise à l'âge de 83 ans. Pour les turfistes, son nom restera adossé à ses couleurs, jaune et vert (clin d'œil tant aux pommes qu'aux célèbres maillots du Tour de France), portées en piste par des sauteurs de la trempe de Rhialco (15 victoires et sur le podium du Grand Steeple-Chase de Paris et du Prix La Haye Jousselin), Apple's Girl, Juntico, Hello des Plages, Leader de la Cour, Tango Lido ou encore Nuits Premier Cru qui lui avait offert son 200e  gagnant en obstacle, le 30 octobre 2023 à Fontainebleau. Infatigable travailleur, réputé pour sa discrétion, ce fils de cultivateurs belges arrivés en France, sous l'Occupation, avait grandi dans le Vexin français, au nord-ouest de l'Île-de-France. Dans une belle interview accordée il y a maintenant dix ans à notre confrère Alain Stromboni, l'homme au crâne dégarni et au béret basque confiait : “Je suis né à la campagne. Mes parents cultivaient le maraîchage. À 7 ans, le matin, j'étais déjà dans les champs et on allait aux labours avec trois gros boulonnais.” Plus tard, il se rendra aux Halles de Paris pour acheter sa marchandise et la vendre sur les marchés de Pontoise et Saint-Ouen. “Ce sont mes copains des Halles qui m'ont emmené pour la première fois sur un champ de courses.” LIRE LA SUITE.

 

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