Les Delage, précurseurs par tradition (chapitre 1/2)
Jean Delage, le patriarche.
MISTER BANJO (Finale Junior Hurdle Gr.1), GRABELS (Prix du Bourbonnais, placé de Listed), SARAKO (grand cross de craon, deux fois champion de France de Cross), MISTER BOUM (Challenge de Haies des 4 Ans Listed), LE CORREZIEN (champion Anglo-Arabe en plat), MISS ACADEMY (meilleure AQPS de sa génération), MISTER NO (un des meilleurs AQPS de sa génération), NEFERTAR (championne Anglo-Arabe en Cross Country), GRAIN DE SABLE (champion Anglo-Arabe en Cross Country) sont ses meilleurs ambassadeurs.
Au sortir de la guerre, il ne restait que très peu de chevaux de sang dans la région de Pompadour. Outre quelques particuliers, c’est à la jumenterie nationale, au Haras National et à l’écurie Parveau que l’on doit la pérennité de l’activité hippique autour de la cité Corrézienne. Dans ce contexte un nouveau venu fit une entrée fracassante au tout début des années 60 : l’élevage Delage.
UN TERROIR EXCEPTIONNEL
En sortant de Pompadour le visiteur chemine vers Lubersac par une route qui serpente et chahute les véhicules. De solides vaches rouges y côtoient des vergers et parfois des chevaux de sang. Cette zone du centre de la France est une véritable terre d’élevage qui donne de la trempe pour résister à ses rigoureux hivers.

L'ACHAT DES PREMIERES JUMENTS
- LA PROVINCIALE : pour la libération !
Une Rothschild arrivée pendant la débâcle de 1940 dans le Sud Ouest, fut saillie à Pau par LAVAREDE avant de remonter en Limousin. Le produit, LANDIS II, a gagné à Saint Cloud en plat (dont le Handicap de Printemps, Listed) et en haie à Enghien. Suivront PROMISCUITE (invaincue en 8 sorties à 2 ans à Marseille, Grand Prix de Marseille et Grand Prix d’Avignon), PROCURATRICE (bonne gagnante régionale)…Il y a parfois un peu d’insoumission chez les éleveurs d’Anglo, c’est ainsi que PROVOCATRICE (autre produit de LA PROVINCIALE) s’imposera à Pompadour pour la première course après la libération. Tout un symbole !
- GRIGORA: la jument dont personne ne voulait :
Fidèle à son origine prestigieuse, LA PROVINCIALE s’est distinguée au haras dans la race pure comme nous l’évoquions à l’instant. Mais c’est GRIGORA (1938 par Buland Bala et La Sabine par Dauphin) qui a véritablement fait souche à l’élevage. Une jument dont personne ne voulait. Jean Delage se souvient : « Elle n’était pas d’un modèle extraordinaire. Monsieur Bernet n’y croyait pas, il me l’a quasiment donné. J’ai du la payer le prix du couteau ».
ACQUISE POUR LE PRIX DE BOUCHERIE, GRIGORA DONNE UNE JUMENT DE BASE

- Son premier produit CONSTANTIN (25% par Le Tigre II et Sugana ) avait remporté ses séries (*) avant de s’imposer dans le Grand National. En obstacle il ira battre les Purs, son fait d’arme étant sa victoire dans le Palaminy à Pau !
- MISS PRINTEMPS II (25% 1966 par Wild Hun) gagnera ses séries(*) puis fut rapidement mise à l’élevage.
- PETITE FEE (25% 1968 par Greyhound) fut la meilleure trois ans de sa génération avec 7 victoires. Elle s’était imposée dans ses 3 séries(*) puis dans le Grand National. N’ayant plus rien à courrir chez les Anglos elle fut engagée dans le Jacques de Vienne, qu’elle remporta avec la manière. Passée à l’obstacle PETITE FEE s’est imposée en haie à Pau face aux Purs. Sa descendance sera développée dans une partie spécifique.
- Deux ans plus tard, POURQUOI PAS V (25% 1970 par Wild Hun) voyait le jour. Sous l’entrainement Goaille ce dernier avait remporté ses séries(*) avant de battre les Purs en plat à Pau dans la Poule d’Essai. Il fut exporté au Japon la même année que Toskaï.
- Son propre frère LE CORREZIEN fut une véritable vedette en Anglo-Arabie, meilleur trois ans de l’année 1974 avec sept victoires dont l’Omnium (de 6 longueurs), le Prix Velox (de 6 longueurs), le Grand National et le Grand Prix des Anglo-Arabes. N’ayant plus rien à courir, Roger Goaille décida d’aller contre les AQPS. Il sera second du Critérium du Centre et quatrième d’un Jacques de Vienne malheureux où il se battra nez au vent tout au long d’un mauvais parcours Avec 73 kgs il portait le top weight de l’épreuve, rendant 7 kgs au vainqueur. Il s’était par ailleurs imposé face aux Purs en plat. Entré au haras de Gélos, LE CORREZIEN sera la grande vedette des années 70 de par ses performances et sa famille hors normes. Il saillira la crème des juments de course du Sud Ouest.
Le Corrézien
- Trois ans plus tard SUGANA donnera naissance à son premier 50% avec le chef de race THALIAN. Ainsi naquit LE DRAKKAR II qui fut victorieux en plat pour ses débuts chez Roger Goaille. Gravement accidenté il retourna au repos chez son naisseur avec un pronostic réservé quand à son retour en piste. Deux ans plus tard il reprenait la compétition avec succès en enchainant de nombreuses victoires en Cross Country face aux Purs. Il finira sa carrière sur trois victoires à Auteuil.
Le Drakkar II
PETITE FEE, ARRIERE GRAND-MERE DE GRABELS
Celle qui fut sans doute la meilleure femelle de sa famille en épreuves publiques réintégra son élevage d’origine au terme de sa carrière. Ses descendants les plus marquants seront OD'VIENNE (25% par Roseau d’Or, deuxième du Prix d’Essai et troisième de la Coupe à Pompadour), HAZAROLA (25% par Le Correzien, Coupe des Anglo-Arabes à Pompadour) et GRABELS (par Graveron). Ce 12,5% s’était notamment imposé dans le Prix du Bourbonnais. Il fut second du Critérium du Centre et du Jacques de Vienne (battu d’une encolure par LILLIUM DE COTTE). Pour le compte de Magalen Bryant et sous l’entrainement De Balanda il sera second du Prix Durtain (Listed) et troisième du Prix Miror (Listed).

